Article de Ouest-France le 7/10/2021
L'OMS estime à 445 000 le nombre de décès causés dans le monde par le paludisme en 2016. 91% de ces décès ont eu lieu en Afrique subsaharienne, le continent le plus touché par cette maladie. 285 000 enfants de moins de 5 ans y sont morts, victimes de ce fléau, soit un enfant toutes les deux minutes !
Pourquoi une telle hécatombe ?
Comment se protéger contre cette maladie ?
la lutte contre le paludisme se situe à trois niveaux :la Prévention, les Soins, l'Education.
Dans les écoles, dans les villages, les quartiers ... il faut éduquer les populations. Le paludisme étant transmis par un moustique, il faut petit à petit amener les gens à se protéger de ce moustique en dormant sous une moustiquaire, particulièrement les populations à risques : les enfants et les femmes enceintes. D'où la nécessité de distributions massives de moustiquaires par l'Etat et par les associations. Ces moustiquaires doivent être imprégnées d'un produit répulsif et doivent être entretenues pour éviter les trous. Eduquer, c'est aussi amener les gens à reconnaître les symptômes de cette maladie et les convaincre d'aller consulter un médecin dès les premiers signes.
Au dispensaire, un test sanguin appelé test de " la goutte épaisse" permettra en quelques minutes de diagnostiquer le paludisme.
les soins pourront alors commencer, par voie orale ou par perfusion.
les voyageurs qui se rendent en Afrique emportent dans leurs bagages des médicaments anti-paludéens. les populations locales ne peuvent pas être traitées de cette manière, pour plusieurs raisons : d'abord ces médicaments coûtent très cher ; ensuite ils sont de plus en plus puissants du fait de la résistance des moustiques qui se sont habitués à eux et ces nouveaux traitements anti-paludéens ne pourraient pas être pris toute une vie sans effet secondaires importants. la solution serait le vaccin ; pour le moment il n'en existe pas même si de nombreuses équipes dans des laboratoires internationaux sont à sa recherche. La difficulté vient de la complexité de la transmission de cette maladie par le moustique : à quelle étape de cette transmission le vaccin devra-t-il intervenir ?
En attendant ce vaccin, il faut soigner les malades en commençant par vaincre par l'éducation toutes les ignorances sur cette maladie et en favorisant l'accès aux soins. Cet accès aux soins dépend de la proximité d'un dispensaire, de la possibilité de s'y rendre et surtout du coût du traitement.
Sur ce thème de la lutte contre le paludisme par l'Education, voir l'exemple de SEGOU. * Quel traitement ?
longtemps le seul remède utilisé pour soigner les personnes souffrant d'une crise de paludisme a été la QUININE cliquez ici .
Aujourd'hui ce médicament est de moins en moins utilisé et parce que ses effets secondaires peuvent être graves et parce que le moustique vecteur de cette maladie a su s'adapter à ce médicament, devenir résistant à la quinine, obligeant les malades à augmenter les doses et donc le risque de conséquences graves.
Après l'utilisation de cette plante, le quinquina, ramenée d'Amérique latine par les premiers colonisateurs, c'est vers une autre plante venue, elle, de Chine, que se tourne la recherche scientifique : L'ARTEMISE. Les traitements actuels sont faits d'une combinaison thérapeutique à base d'artémisinine (CTA). Les chercheurs s'intéressent aussi à l'utilisation de cette plante sous forme de tisane ce qui d'une part rendrait ce traitement peu cher puisqu'il n'y aurait plus besoin de fabriquer des médicaments et d'autre part donnerait un revenu aux paysans qui cultiveraient cette plante à une grande échelle.
- Il est utopique d'envisager l'éradication totale du moustique transmetteur du paludisme qui pique surtout la nuit. Il faut donc se protéger de ce moustique en dormant sous des moustiquaires. Petit à petit les Etats distribuent des moustiquaires en privilégiant d'abord les populations à risques, femmes enceintes et enfants. Beaucoup d'ONG et d'associations prennent aussi le relai. Ces moustiquaires doivent être imprégnées d'un répulsif ; il faut renouveler cette imprégnation régulièrement, mais pour cela encore faut-il pouvoir acheter le produit nécessaire. La pauvreté est un obstacle à la santé. Le Paludisme est une maladie de pauvres !
- A défaut de pouvoir supprimer les moustiques - l'utilisation du DDT a été interdite à partir de 1972 - il faut en contrôler la propagation, en asséchant au maximum les eaux stagnantes, près des habitations, où les larves élisent domicile et en les combattant par des pulvérisations dans et autour des habitations. Les images suivantes illustrent ces campagnes de pulvérisations.
- la prévention passe aussi par l'hygiène . Un enfant, un adulte, en bon état physique lutteront mieux contre la maladie s'ils l'attrapent ; un enfant faible en mourra ; un adulte faible souffrira de graves conséquences. L'hygiène et la propreté de l'environnement, contribuent à la prévention contre le paludisme. La lutte contre le paludisme passe donc, en amont, par la propreté de l'environnement, par le creusement de puisards pour éviter toute contamination par les eaux usées, par le lavage régulier des mains, par le port de vêtements et surtout de chaussures protégeant les pieds de blessures qui pourraient s'infecter...
en bas : un puisard en construction
morales, physiques, économiques
Il faut lutter contre le paludisme pour enrayer la mortalité ; la perte de ces millions d'enfants et de toutes les victimes de ce fléau est un traumatisme pour les familles. Les efforts fournis surtout pour la généralisation des moustiquaires a porté ses fruits : l'OMS note depuis des années une forte diminution des décès, mais nul ne peut s'en contenter.
* physiquesBeaucoup d'enfants qui ne meurent pas avant 5/6 ans restent marqués à vie par des séquelles neurologiques ; ces handicaps sont très lourds à porter, pour eux, pour les familles, pour la société.
* économiques
La plupart des adultes font plusieurs crises de paludisme par an ; ces crises sont longues et épuisantes et entrainent de longues périodes d'arrêt de travail. L'économie en subit directement le contre-coup.
pour en savoir plus, le rapport de l'OMS 2017 sur le paludisme :
cliquez ici